Portrait d’infirmière : le quotidien de Nathalia, IDEL en Martinique

Témoignage : être infirmière libérale en Martinique

Mise à jour: 9 août 2022

Après avoir exercé trois ans comme infirmière hospitalière en métropole, Nathalia décide de poursuivre sa carrière en retournant en Martinique, où vit sa famille. Fille d’une infirmière libérale, elle rejoint le cabinet de sa mère et découvre les spécificités et les difficultés de l’exercice libéral sur l’île.

Partir pour mieux revenir

Après avoir obtenu son baccalauréat, Nathalia décide d’entamer des études d’infirmière. La jeune étudiante souhaitait d’abord devenir chirurgienne, mais a renoncé à son projet pour ne pas contraindre sa famille à trop de frais et ainsi être indépendante plus rapidement.

Pour cela, Nathalia quitte la Martinique pour rejoindre la métropole. Elle intègre l’institut de formation en soins infirmiers (IFSI) de la Fondation Chaptal à Sarcelles. Durant ses études, elle exerce en tant qu’aide-soignante à domicile à Paris ce qui lui permet d’obtenir une première expérience dans le domaine du soin à domicile.

En 2008, elle obtient son diplôme d’État en soins infirmiers et commence sa carrière en tant qu’infirmière en intérim. Nathalia intègre ensuite une unité de soins intensifs de cardiologie. Puis, après 6 ans en métropole, elle décide de retourner vivre auprès de sa famille en Martinique.

Elle y retrouve notamment sa mère qui exerce sur l’île comme infirmière libérale. C’est elle qui a transmis la vocation à prendre soin des autres à celle qui envisageait d’abord de se tourner vers des études de médecine.

La jeune infirmière se souvient, lorsqu’elle était enfant, des levées très matinales pour accompagner sa mère sur certaines tournées de soins. Nathalia « aime le côté relationnel du métier et n’a jamais eu peur de se lancer ». Elle entame donc toutes les démarches pour exercer comme infirmière libérale en Martinique et démarre son activité en tant que collaboratrice dans le cabinet de sa mère.

Une tournée de soins pas toujours aisée

La Martinique est un département d’outre-mer où la dotation en infirmière est très élevée. Le cabinet infirmier, qui se situe dans la petite commune des Trois Îlets, prend en charge principalement des personnes âgées grabataires nécessitant des soins de nursing (toilette, aide à l’habillage, etc…).

Les journées de travail de l’infirmière à domicile débutent aux aurores. En effet, la tournée commence souvent à « 4h30 et peut se finir à 21 heures ». Mais l’un des avantages non négligeables est le cadre idyllique qu’offrent les paysages de l’île : « on peut profiter des levers de soleil, ce qui n’est pas négligeable ».

Nathalia n’exerce plus avec sa mère qui est désormais retraitée. L’infirmière libérale fait parfois appel à des IDEL remplaçantes. Elle travaille aussi étroitement avec une secrétaire qui gère toute la charge administrative du cabinet : « elle est très compétente et très performante. Elle gère l’administratif, les prises de rendez-vous ce qui permet de se focaliser sur les soins et le relationnel ».

Un quart de la population de l’île est âgé de plus de 60 ans. C’est pourquoi les soins des infirmières libérales de Martinique sont peu diversifiés et reposent principalement sur leur rôle propre : « c’est 80% de nursing ».

Les soins techniques comme les perfusions ou les pansements sont surtout effectués par les services d’hospitalisations à domicile (HAD). Par ailleurs, les chimiothérapies à domicile sont effectuées exclusivement en centre spécialisé.

La grande proportion de patients âgés dépendants pris en charge par les infirmières libérales rend le travail particulièrement éprouvant. Nathalia en souffre physiquement en raison de troubles musculo-squelettiques récurrents. Même si elle n’a que « 35 ans, elle en ressent parfois le double ».

Tournée de soins sur les routes martiniquaises

Une infirmière abîmée par la dureté du métier

Avant la crise sanitaire actuelle, Nathalia se désolait de constater que son « métier était en voie d’extinction » au profit du regroupement en structure de soins. L’épidémie de Covid-19 a donné un second souffle au métier d’infirmière libérale lui donnant un peu plus de reconnaissance.

Par ailleurs, dès le début de l’épidémie l’infirmière libérale a dû faire face à l’impact psychologique et financier non négligeable de la Covid-19 avec « une diminution de l’activité de 50% ». De plus, certains patients refusaient de les recevoir à domicile de peur d’être contaminé par les soignants. Malgré les applaudissements à 20 heures « dire qu’on est infirmière, c’est à double tranchant ».

A cela s’ajoute la grande précarité présente en Martinique. Les moyens mis à disposition de l’IDEL sont parfois très limités. Cela oblige l’infirmière à travailler dans des conditions qui ne sont pas optimales (absence de lit médicalisé par exemple).

Nathalia songe parfois à la reconversion : « c’est un métier très intéressant, mais il fait perdre pas mal de plumes en route ». L’arrivée de l’épidémie de Covid-19 a sans aucun doute accéléré l’épuisement des professionnels de santé. Malgré les négociations du Ségur de la Santé, les infirmiers libéraux se sont sentis oubliés alors elle « ne pense pas que ça ira en s’améliorant ».

Une profession en souffrance

Des conditions de travail particulièrement difficile qui s’additionne à la solitude et aux difficultés de prendre des congés ou de pouvoir se consacrer à sa vie personnelle. « La plupart des collègues ont connu une période de dépression » précise Nathalia.

Des plateformes téléphoniques d’écoute et de soutien ont été mises en place pour les professionnels de santé en souffrance, mais « ce n’est pas facile de dire je suis soignant et je ne vais pas bien » rappelle l’infirmière.

En raison de la pénibilité du métier, elle conseille à ceux qui souhaite exercer ce métier, d’y réfléchir à deux fois et de bien identifier leurs motivations, car devenir infirmière demande des sacrifices et cela s’accentue lorsqu’on se décide à ouvrir son cabinet libéral.

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